30 septembre 2019

L’oratoire de Bouzols une restauration exemplaire »

L’antique forteresse de Bouzols surplombe la Loire à l’endroit où le fleuve, sortant des gorges qui le guident et le canalisent depuis sa source au Gerbier de Jonc, débouche dans le riant bassin du Puy-en-Velay.

Une légende a longtemps couru dans les campagnes environnantes que s’y trouvait un souterrain secret  permettant d’organiser une fuite discrète en cas de siège ou de péril imminent. Tout aussi secret, mais lui bien réel, un trésor, pour qui le temps et l’humidité constituaient l’ennemi le plus redoutable, demeura longtemps caché aux yeux de l’extérieur.

A l’intérieur d’une tour, construite au 13ème siècle au sein d’un ensemble défensif, qui formait alors la ligne avancée de protection de la citadelle, un petit oratoire discret et intime formait, depuis la fin du 14ème siècle, un contraste saisissant avec son environnement militaire et rendu particulièrement austère par une construction en pierres de laves volcaniques tirées de son sous-sol basaltique.

Antoinette de Beaufort, arrière-petite nièce et petite nièce de pape (Clément VI et Grégoire XI), épouse du Maréchal Boucicaut, y aurait prié, nous dit l’historien local, lors de ses séjours dans cette place forte, entrée en 1347 dans sa famille paternelle (les Roger de Beaufort, vicomte de Turenne).

En 1646 cet oratoire fut décoré de panneaux successifs peints sur plâtre (à la détrempe), représentant la vie de la Vierge, en étroite symbiose avec l’histoire religieuse de Notre-Dame du Puy-en-Velay située à moins de 10 kilomètres. Ce choix fut sans doute exercé à la demande de la famille Montagu-Bouzols devenue propriétaire du château et de la baronnie éponyme en 1621.

Ces très belles scènes, offrant au regard le parcours évangélique de Marie, de l’Annonciation à l’Assomption, avait déjà été restaurées à la fin du 19ème siècle par un artiste Italien. Malheureusement tout au long du 20ème siècle, l’humidité, enfermée sous un sol en ciment, avait progressivement commencé à « attaquer » les décors de pilastres en trompe l’œil du sous-bassement des panneaux.

Entrés en possession de Bouzols en 2005,  Moya et Jean-Louis Beaud de Brive, à la suite des cinq générations familiales les ayant précédés dans la restauration puis la conservation du château, voyaient avec peine les détériorations se  poursuivre inexorablement, lorsque  2013 ils prirent  connaissance du prix Gilles Etrillard et ses enfants qui avait pour objet « d’encourager la restauration d’un oratoire ou d’une chapelle de Château en conservant la vocation cultuelle de l’édifice ».

Le travail et la chance leur sourirent. Lauréats du prix, doté de 15 000 euros, véritable élément « catalyseur » de leur projet, représentant la moitié du coût de l’opération, ils purent mener à bien celle-ci avec le concours d’une restauratrice Italienne résidant au Puy et d’artisans locaux recrutés pour réaliser l’assainissement de la pièce puis le très beau parquet en chêne recouvrant le sol assaini.

Célébrée le 8 juin, lors d’une cérémonie associant, par un temps magnifique, le représentant de l’État dans le département, élus et personnalités locales, habitants du village de Bouzols, artistes et artisans, cette restauration a déjà permis à 1 500 visiteurs, au cours de l’été, de découvrir le Trésor marial de Bouzols.

Ouvrant la voie à de nouveaux projets porteurs d’avenir pour la forteresse et la haute vallée de la Loire, l’action de mécénat dont a bénéficié Bouzols a rempli un rôle stimulant, au-delà même de son objet initial.

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